fabrication bol tibétain

La fabrication du bol tibétain étape par étape

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Vous vous demandez comment sont fabriqués les bols tibétains et quels sont les mystérieux procédés qui donnent à ces instruments un chant exceptionnel. Beaucoup de personnes qui s'intéressent à ces récipients ancestraux dotés d’un pouvoir apaisant et curatif sont intriguées par leur conception. Néanmoins, peu nombreuses sont celles qui sont au courant de la complexité, du temps de travail et du nombre d’artisans nécessaires pour réaliser ne serait-ce qu’un seul bol de qualité.

Afin de bien comprendre les étapes de fabrication d’un bol tibétain, il est important de comprendre son histoire. Toute son apparence et ses petits détails visuels reflètent le savoir-faire des forgerons dont les ancêtres sont originaires du plateau tibétain. Ces instruments aux nombreuses vertus pour le corps et l’esprit suivent un processus de fabrication long et très rigoureux.

bol lunaire tibetain

La production de bols tibétains artisanaux a très souvent lieu dans des ateliers familiaux où les méthodes de travail se transmettent de génération en génération et se perfectionnent avec le temps. Cependant, les ateliers de production de ces instruments chantants ne sont pas seulement des espaces de travail, mais c’est aussi le lieu où les forgerons vivent. Les artisans tibétains et népalais doivent faire preuve de patience et de précision lors de l’élaboration de ces objets enchantés pour qu’ils aient une belle sonorité.

La fabrication expliquée de l’origine à nos jours

La fabrication du premier objet qui ressemble aux bols chantants tels que nous les connaissons aujourd’hui remonte à il y a entre 4000 et 5000 ans selon les estimations. À cette époque, des forgerons issus de peuples nomades de Mongolie réalisaient déjà des petits récipients métalliques en cuivre. Ce métal était choisi pour sa belle couleur brune et brillante ainsi que pour sa propriété à conserver la chaleur. Par la suite, le cuivre a été remplacé par un alliage de laiton qui comprend essentiellement du cuivre et du zinc. L’avantage de cette nouvelle composition est que la température de fusion est réduite, l’alliage est plus malléable et le produit fini dispose d’une meilleure résistance à l’usure. Visuellement, le bol s’empare d’une couleur plus claire que celle obtenue avec simplement du cuivre.

Au fur et à mesure que le temps passe, les compositions des alliages et les techniques de martèlement se transmettent au sein de la famille pour que les plus jeunes héritent du savoir-faire de leurs ancêtres. Arrivés à une certaine période, les forgerons ont ajouté de l’étain et du plomb à l’alliage de laiton qui existait déjà. Par la suite, les chamans se sont intéressés aux vibrations sonores émises par les bols et à leurs bienfaits sur le corps. Ils se sont vite rendu compte que leur chant avait un effet apaisant qui était très recherché en méditation.

village népal

Plusieurs centaines d’années plus tard, les artisans du plateau tibétain se sont rendus au Népal pour inculquer aux prêtres Bön leurs compétences et les vertus thérapeutiques qu’offrent les bols tibétains. Les prêtres-chamans comme on les appelle également, se sont aussi attachés à cet artisanat et y ont apporté un changement majeur. Selon les légendes, ils ont modifié la composition de l’alliage pour l’enrichir avec de l’or. C’est à ce moment que le chant produit par ces instruments serait devenu si remarquable qu’il aurait pris une place importante durant les cérémonies religieuses.

Ensuite, les bouddhistes tibétains ont pris le dessus sur les croyances populaires bön et se sont approprié le bol chantant comme l’objet essentiel pour entrer en état de pleine conscience et se rapprocher un peu plus de Bouddha durant la méditation.

Le processus de fabrication du bol tibétain artisanal

Le processus de fabrication que nous allons vous décrire retranscrit étape par étape les actions à effectuer afin d’obtenir un bol tibétain traditionnel tel qu’il était conçu il y a plusieurs siècles. Dans l’atelier, les artisans travaillent à 5 ou 7 personnes en simultanées pour produire un seul récipient chantant. Ils ne se sépareront pas et n'arrêteront pas de travailler tant que l'objet n’a pas atteint sa forme et sa sonorité idéale. Seuls des outils basiques comme un four à bois, des marteaux ou des pinces sont utilisés par les forgerons pour la fabrication d’un bol tibétain.

bol chantant tibetain

1) Former la galette d'alliage

La première étape dans la conception d’un bol tibétain artisanal est de réaliser un alliage de métaux autrement appelé une galette qui servira d’élément de base pour les forgerons. L’élaboration de cette composition est très souvent gardée secrète par les artisans. Si vous avez l'occasion de visiter un atelier de fabrication au Tibet ou au Népal, ce sera probablement le seul moment auquel vous ne pourrez pas assister. Pour former cette galette d'alliage, ils coulent dans un creuset en calcaire un mélange de sept métaux dont eux seuls connaissent exactement les proportions.

Par la suite, le forgeron de l’équipe qui a pour mission de surveiller l’état des métaux en fusion les retirera du four dès qu’il les jugera prêts. Cette décision est prise lorsque l’alliage a atteint une couleur bien précise. Il versera la matière en fusion dans un moule en penchant le creuset à l’aide de grandes pinces métalliques. Généralement, les artisans se servent de moules uniques confectionnés à partir de calcaire pour résister à la chaleur qui seront ensuite cassés pour libérer la galette d'alliage. Pour finir, les autres forgerons martèlent la pièce métallique encore chaude afin d’aplatir les bords et d’obtenir des disques à la forme plate.

galette alliage bol tibétain

2) Le martelage

Une fois la galette d’alliage obtenue, celle-ci est placée dans un four à très haute température pour qu’elle redevienne assez malléable au marteau. Chaque frappe et mouvements effectués avec les outils doivent être très précis pour ne pas commettre d’erreurs qui pourraient réduire la qualité visuelle et sonore du bol. Dans le cas où un ouvrier aurait donné un coup de marteau qui est soit trop fort soit mal placé, il est possible qu’il faille recommencer tout depuis le début. L’harmonie entre les artisans et l’expérience est indispensable pour réaliser un bol chantant d'exception.

Pendant la phase de martelage, il est essentiel d’avoir 4 ouvriers qui s’occupent d'un même bol pour effectuer un travail de qualité. Les trois premiers ont le rôle de marteleur. Leur objectif est de se coordonner entre eux afin de frapper sur la galette d’alliage les uns après les autres sans jamais s’arrêter. Le dernier ouvrier est en quelque sorte le chef du projet. Ils guident les autres en présentant la galette sous différentes positions pour déterminer la forme désirée. Avec sa longue pince, il doit aussi disposer fréquemment l’objet métallique dans le four pour qu’il reste malléable.

martelage atelier bol tibétain

Ce travail répétitif est renouvelé autant de fois que nécessaire jusqu'à ce que les artisans obtiennent un bol qu'il considère comme parfait. Le bruit assourdissant du marteau qui entre en contact avec le métal plonge les forgerons dans un état de concentration absolue. Durant le processus de martelage, les sens des forgerons sont très sollicités et permettent d’avoir une bonne précision qui s'affine avec l’expérience. Le son produit lorsqu’un ouvrier tape sur le bol en cours de formation lui indique s'il faut le remettre ou non dans le four pour modifier la dureté. De plus, la perception tactile du manche des outils est un très bon indicateur pour savoir si le métal est toujours malléable.

Après avoir effectué plusieurs heures de martèlement et de remise au four, le bol commence à avoir une belle forme et émet des notes agréables. Dans les ateliers traditionnels, les tous derniers coups de marteau sont réalisés par celui qui dirige l’équipe et qui est chargé de veiller à ce que le bol corresponde aux attentes. Puis, l’instrument chantant incandescent est directement mis dans l’eau pour figer la matière et augmenter sa solidité.

3) L’ébarbage et le polissage

L’ébarbage vient juste après avoir terminé de former le bol durant la phase de martelage. Il s’agit de retirer l’excédent de métal sur les bords, mais aussi sur la partie intérieure de l’objet. Pour procéder à l’ébarbage, les artisans utilisent une machine sur laquelle ils viennent fixer la base du bol pour le faire tourner sur lui-même. Ainsi, avec la vitesse, il ne reste plus qu’à limer les parois pour obtenir une surface lisse qui n’accroche pas. Une fois cela fait, il faut passer à l’étape du polissage. C’est ce qui attribue à l’instrument son aspect final, mais aussi son chant qui lui sera propre. Du point de vue purement visuel, on obtient un bol tibétain bien arrondi sans arêtes qui peuvent être coupantes lorsqu’on le touche.

4) Les finitions

Que serait un vrai bol tibétain sans ses finitions. Après qu’il ait passé l’étape du martelage, de l’ébarbage et du polissage, il ne reste plus qu’à effectuer quelques petites améliorations. Tout d’abord, si l’instrument chantant suit un processus de fabrication authentique, il va subir un trempage dans de l’acide qui va lui donner sa coloration définitive. Cela va lui apporter un équilibre au niveau des vibrations qui lui permettra de chanter en libérant toutes ses plus belles notes. Ses harmoniques seront plus profondes et plus élégantes après le passage dans l’acide.

Les artisans cette fois-ci plutôt spécialisés dans la décoration ont la possibilité d’inscrire des gravures à l’aide d’outils très précis qu’il faut manier très minutieusement. Ils peuvent aussi peindre des symboles ou des motifs en relief en plaçant une cire de couleur noire qui durcira en séchant. Ces dessins représentent très souvent des mantras ou des signes symboliques très présents dans la culture bouddhiste.

gravures symboles bol tibétain

La fabrication des bols tibétains industriels

Ces dernières années, de plus en plus de bols industriels sont présents dans les grandes surfaces et les magasins. Cependant, contrairement aux instruments chantants produits artisanalement, ceux fabriqués à la chaîne en coulant simplement du métal en fusion dans un moule n’ont pas forcément de vertus thérapeutiques. Vous devez absolument savoir que les bols tibétains forgés à la main comme ceux que vous pouvez trouver sur notre boutique ne sont pas seulement des objets décoratifs. Ces bols qui ont été conçus en suivant un processus ancestral que l’on retrouve au Tibet, au Népal, ou en Inde ont vocation à être utilisés pour effectuer des soins sonores et de la méditation.

Bien que les bols industriels aient presque la même apparence visuelle, très souvent, ils ne disposent pas de la même puissance sonore et vibratoire. Étant donné que leurs matériaux sont moins riches et qu’ils n’ont presque pas été travaillés, ces objets sont par conséquent plus creux et moins dense. Cela se ressentira avec le temps puisque beaucoup de bols industriels perdent en amplitude sonore années après années.


2 commentaires

  • Martie 05 août 2022

    Très bel article à la fois intéressant, instructif, quel bel artisanat !!!

  • Alice

    Merci pour cet article clair et très intéressant!
    J’adore les bols et je vous remercie pour votre travail.

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